Fort de ses convictions, le Comité Thermolyse a décidé de se lancer dans la bataille contre l'incinérateur. Son combat s'est placé sur le plan de l'information, de la sensibilisation et de l'action en justice.
Il a d'abord voulu étoffer ses connaissances et faire valider les informations qu'il avait par une autorité scientifique. A l'époque, il avait connaissance de l'un ou l'autre fabricant de thermolyse, ce qui n'était pas une preuve en soi. Il disposait aussi des comptes-rendus du colloque international sur la thermolyse qui s'était tenu à l'Institut Scientifique de Service Public (ISSeP) à Liège les 24 et 25 mars 1994. Cette conférence s'intitulait :"La thermolyse, une technologie de recyclage et de dépollution". Tout un programme! En l'occurrence, c'est l'Université Libre de Bruxelles (ULB) qui a apporté les réponses aux questions du Comité Thermolyse, en la personne du Professeur André FONTANA, Professeur à la Faculté des Sciences Appliquées (Département de Chimie Générale & Carbochimie) à l'ULB et à Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Economiques de l' Ecole de Commerce SOLVAY. Le Comité Thermolyse a invité le Pr.FONTANA pour sa première conférence grand public sur le sujet à Ciney en mai 1996. Nous n'étions donc pas des farfelus pour oser avancer cette alternative, même si, à l'époque, tous les problèmes n'étaient pas résolus! La thermolyse était convaincante mais devait encore faire ses preuves.
C'est feu M. Emmanuel de Broux qui s'est chargé de tout le dispatching de l'information: son expérience professionnelle en communication et ses connaissances informatiques ont fait merveille. De nombreuses revues spécialisées ont fait écho à la thermolyse et l'ont popularisée. Des débats ont eu lieu entre politiques, scientifiques et journalistes. Des organismes, généralement français, tels l'ADEME ou AMORCE, se sont aussi penchés sur la question.
Ce travail de diffusion de l'information s'est doublé d'un travail de fond: deux réflexions ont ainsi abouti sous forme de conférences de presse qui ont fait du bruit. Le premier travail s'est appuyé sur le colloque de la Vrije Universiteit Brussel (VUB) du 11 décembre 1997: Vuilverbranding - Rookgasreiniging, zware metalen en dioxines. En transposant les méthodes d'épuration des fumées décrites par différentes parties intervenantes à l'incinérateur d'Achêne, nous avons conclu que le doute était permis quant à l'efficacité du système de dépollution projeté à Achêne. C'était déjà un beau pavé dans la mare!
Le deuxième travail a consisté en une étude informatique intitulée: "Déchets ménagers et frais de transport: Approche comparée du transport routier et du transport combiné – le projet SONAT et son alternative". Intuitivement, il nous semblait que décentraliser les installations et passer du transport routier au transport bi-modal devait permettre des économies d'échelle par rapport au projet centralisé d'Achêne. L'ordinateur a donc été chargé de déterminer un centre de gravité pour chacune des deux provinces et de calculer le coût de transport de déchets acheminés par voie fluviale en province de Namur et par voie ferrée en province de Luxembourg vers deux sites potentiels de thermolyse intégrée. Le résultat de ce travail a été que sur la seule province de Namur, les économies se chiffraient à 91 millions BEF (€ 2,555,831). Sur une durée de vie d'un incinérateur de 20 ans, cela représentait une économie de 2.7 milliards BEF, soit € 67,000,000 … pour le contribuable qui subsidie le projet à 85%!
La sensibilisation a visé toutes les personnes susceptibles d'avoir un mot à dire au sujet de l'incinérateur et son alternative. Ce sont des personnes qui soit, ne connaissaient pas la thermolyse, soit n'avaient pas les moyens de se faire entendre. Ces personnes ont pu se rencontrer à certains moments et en diverses occasions. Il s'agit pêle-mêle de politiciens, de l'administration, d'industriels, de l'industrie cimentière, de scientifiques et d'organisations environnementales. Le moment voulu, tous ces relais ont joué.
Notre plus belle réussite a été d'obtenir du Ministre de l'Environnement, Guy LUTGEN, pourtant farouche partisan de l'incinération, une étude comparative Incinération-Thermolyse. L'ISSeP a été chargée de l'étude technique et l'ULB de la partie économique. Là aussi, malgré de nombreuses difficultés de publication, et en dépit de quelques bémols, la conclusion était favorable à la thermolyse décentralisée. Une demande de moratoire sur l'incinération était de ce fait demandée au Gouvernement wallon conjointement par un organisme scientifique et une université! Le nouveau Gouvernement wallon a depuis adopté ce moratoire qui expirera au 1er janvier 2002.
Ensuite est venue l'action en justice. Le permis de bâtir ayant été refusé par le Ministre de l'Aménagement du territoire, Michel LEBRUN, la SONAT, maître de l'ouvrage, a introduit une requête en suspension et en annulation de ce refus devant le Conseil d'Etat. Que le permis ait été accordé ou refusé, les armes du Comité Thermolyse étaient prêtes: les comités de défense n'ayant pas de statut juridique, leurs requêtes ne sont pas recevables. Nous savions que nous devions nous doter du statut d'association sans but lucratif, tel que défini par la loi du 27 juin 1921.
Nos statuts d'ASBL ont donc été déposés et publiés au Moniteur Belge le 5 mars 1998 (n° 4394/98). Nous avons introduit une requête en intervention volontaire au Conseil d'Etat sans l'aide d'un avocat. Le Conseil d'Etat a rejeté la demande en suspension du maître de l'ouvrage. Sa requête en annulation a également été rejetée. Cela a mis fin à la saga de l'incinérateur d'Achêne.
Sensibilisés à la problématique environnementale et aux atouts de cette technologie, notre préoccupation s'est élargie. Nous trouvons normal de faire la promotion de tout ce qui peut contribuer à réduire les effets négatifs sur l'environnement. Notre réflexion porte actuellement sur les bouleversements écologiques en cours sur la planète et sur l'application qui peut se faire dans notre province des principes d'écologie industrielle. Nous veillerons à sensibiliser les décideurs namurois à ce problème, principalement lors d'extensions de zones industrielles annoncées pour très bientôt.
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